Encaustique et Microfilm

Historique

Le Père Chervier accueille le 23 novembre 1935 la proposition du directeur parisien de l’Union des Economats privés, d’assurer à Saint-Wandrille la fabrication de seaux de cire.
Dès le 17 décembre 1935 une marque est créée, MELITTA, et, le 19 février 1936, la fabrication d’encaustique commence : une seule salle des communs sert d’abord pour l’ensemble des travaux, fusion des cires, pesage des seaux, conditionnement, entreposage des cires et des emballages. Un petit hangar voisin abrite le travail des mélanges des matières inflammables. L’outillage est des plus rudimentaires : une marmite, des louches, une chaudière de buanderie, deux brancards pour le transport des seaux.
On s’enrichit bientôt d’un bain-marie qui permet le mélange d’une centaine de kilos de produits finis. La clientèle, alors uniquement composée de collectivités, se déclare satisfaite de l’encaustique préparée par les moines. Les commandes se font de plus en plus nombreuses, et la nécessité se fait donc sentir d’organiser les services de conditionnement et d’expéditions.


A cet effet, on annexe deux salles du 1er étage. En septembre 1936, sur la demande instante de la clientèle, outre la fabrication de seaux de cire, on se lance dans la fabrication de petites boites d’encaustique et de crème-laque pour chaussures. Une première doseuse automatique vient faciliter le remplissage des boites de cire. En attendant la construction d’une doseuse à cirage, le remplissage des petites boites se fait à l’aide de cafetières, ce qui exige une manutention délicate et considérable. Plus de 40.000 boites sont remplies « à la cafetière » avant l’arrivée de la doseuse automatique.
Très tôt des communautés de moniales bénédictines font appel à l’expérience du Père Chervier, pour organiser à leur tour une activité qui leur permette de vivre. Le 1er février 1937, est donc constituée la SARL DES PRODUITS MONASTIQUES ET MISSIONNAIRES, dont le siège social est à Paris. Cette SARL constitue le service commercial de l’abbaye Saint-Wandrille et des monastères des bénédictines de Rouen, Caen et Oulchy-le-Château (Aisne), ces trois communautés fabriquant surtout de la confiserie et de la biscuiterie : cette société devait être primitivement une sorte de fédération qui assurerait le service commercial d’un groupe de monastères ayant chacun une petite industrie, ce qui explique cet intitulé de « Produits Monastiques », qui recouvrait à la fois, l’encaustique, le nougat, les gâteaux et le chocolat… La société avait une succursale à Paris, ainsi que son siège où la direction était exercée par des laïcs.
Mais, en raison de la guerre et de l’invasion, les bénédictines d’Oulchy-le-Château doivent quitter leur monastère et cesser leurs activités de fabrication. Les bénédictines de Caen prennent alors leur indépendance vis-à-vis de la société. Les bénédictines de Rouen demeurent dans la société jusqu’en 1944, date à laquelle elles reprennent leur autonomie en fondant leur propre société « Magdala ».
A Saint-Wandrille, la déclaration de guerre amène un arrêt presque total de l’activité, puis brusquement vers novembre 1939, les demandes reprennent. Les années 1936-1940 avaient vu une première organisation de la fabrication, mais l’essor que connait alors la société amène, en raison aussi des difficultés de communication dues à la guerre, à transférer le siège social à Saint-Wandrille, où les moines prennent désormais en mains la direction de l’affaire. Le 28 février 1941, une assemblée des associés de la SARL des Produits monastiques et missionnaires décide le changement de dénomination en SARL des Produits monastiques. La partie technique de la fabrication demeurera désormais à l’abbaye, alors que la partie commerciale, confiée à des laïcs sera organisée à Rouen, puis à Paris.
Il faudra bientôt avoir recours à du personnel laïc pour assurer la production. Puis, on électrifiera l’usine, installera des cuiseurs électriques, de nouvelles machines automatiques, on s’équipera de malaxeurs, doseuses, machine-étiquetteuse, camionnette pour les livraisons. Un transformateur sur haute tension sera construit.
L’incendie des ateliers de l’abbaye le 21 juillet 1954, durant lequel un moine trouve la mort, loin d’arrêter l’essor de la société, entraîne une modernisation de l’usine. A cette époque, 10 moines travaillent aux Produits Monastiques, et 38 laïcs, répartis entre Saint-Wandrille, Rouen et Paris, sans compter 35 représentants. La production avait été en 1953 de 270 tonnes d’encaustique, cire, cirage et autres produits d’entretien. Ces chiffres donnent une idée de l’importance prise alors par MELITTA.
En 1967, le nombre de personnel a un peu diminué, mais le matériel plus performant permet une production de 300 tonnes. En 1971, la SARL est transformée en Société Anonyme. Peu après les services commerciaux et comptables quittent Paris et reviennent à Saint-Wandrille.
La diminution du nombre de droguistes, constituant presque exclusivement la clientèle, la présence de térébenthine, white spirit, paraffine, produits éminemment inflammables entraînant des contraintes de sécurité impossibles à mettre en œuvre en raison du caractère de Monument historique des bâtiments de l’abbaye, vont conduire en 1990 à arrêter la fabrication d’encaustique et de produits d’entretien à Saint-Wandrille, marquant ainsi un terme à 55 ans d’activité industrielle dans l’enclos de l’abbaye.
La communauté de Saint-Wandrille s’était déjà tourné vers le secteur tertiaire, avec à partir de 1971 la création d’un atelier de microcopie, microfilm, et photocopie sous le nom de FONTENELLE MICROCOPIE.